"Prière pour les pauvres", Sermons, Saint Grégoire de Nysse

Publié le par vincent.paris.over-blog.fr


Où sont amour et charité, Dieu est présent.

Veux-tu comprendre comment le Seigneur prend soin des malades, des souffrants, des affligés ? Ecoute. Qui a enseigné à l'abeille comment fabriquer ses cires et son miel ? Qui fit sourdre du pin, du térébinthe, du lentisque les gommes et les sucs résineux ? Qui fit des Indes la patrie des fruits secs et odorants, la terre natale des parfums suaves ? J'aurais le droit, et ce serait le lieu, d'emprunter les mots de Baruch : C'est lui qui a scruté la voie entière de la connaissance, et il en a fait don à Jacob son enfant, à Israël son bien-aimé.

 

C'est par lui que tous les arts furent inventés, qu'ils exercent à l'aide du feu, sans le feu, dans les eaux ; par lui que furent conçues les sciences innombrables qui pourvoient à tout ce dont l'homme a besoin pour répondre aux exigences de cette vie passagère : ainsi le créateur et la source de la bienfaisance et de la libéralité fournit lui-même, dans sa bonté, avec une extrême largesse, tout ce qui nous est nécessaire. Quant à nous, avertis par chacune des paroles de la Sainte Ecriture d'avoir à imiter notre Seigneur et Père (pour autant qu'un mortel puisse imiter le Dieu immortel et bienheureux), nous confisquons tous ces biens pour notre profit, nous ne les récoltons que pour notre jouissance ; une part en est gaspillé pour les plaisirs de la vie, une autre mise en réserve pour des héritiers avides. Mais des malheureux on ne tient pas compte, des pauvres nul vrai souci, nulle préoccupation. Ô dureté des coeurs ! ô âmes étrangères à notre miséricorde !

 

Ne vivons pas égoïstement de tout ce qui nous échoit ; vivons aussi la part de Dieu. Ces mets délicieux qui prennent le chemin de notre estomac, peuvent tout au plus apporter du plaisir au corps durant le temps qu'ils remplissent le gosier. La miséricorde, la bienfaisance, elles, sont très agréables à Dieu : si elles font leur séjour dans un coeur, elles le rendent tout divin, aussi semblable que possible au souverain bien, beau de cette ressemblance de la nature première, immortelle, qui excède tout esprit. Et quel couronnement promettent-elles au labeur et au zèle !

Dès maintenant une espérance merveilleuse, une attente pleine de joie ; plus tard, lorsque, dépouillés de cette enveloppe charnelle qui nous fuit sans cesse, nous aurons revêtu l'immortalité, plus tard, une vie bienheureuse, une vie qui n'aura pas de fin et ne sera soumise à aucun mal, mais s'écoulera en joies très hautes, très enviables, qu'il nous est possible ici-bas d'imaginer. Attachez-vous à celui qui jamais n'abandonnera celui qui le possède ; usez de la vie avec mesure. Ne pensez pas que tout est à vous. Qu'il y ait une part pour les pauvres et les amis de Dieu. En vérité tout appartient à celui que nous avons pour Père. Et nous, nous sommes frères.

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